Trajet Amérique du Sud


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jeudi 20 janvier 2011

Poésie et la Fin du monde


L’arrivée à Caleta Tortel est surprenante. Déjà, il fait gris, noir, et il pleut. Bonjour tristesse. Ça dégouline de partout. Ayez à l’esprit que je suis en pleine forêt quasi vierge, primaire on va dire. Froide mais primaire. La route pour venir jusqu’ici n’a été faite qu’en 2003. Hier.
Et que découvre t on ? Un fjord à l’embouchure du Rio Baker sur le Pacifique, où se niche une cité lacustre. Une petite Venise bâtie sur pilotis. Il n’y a pas de rue ici ; que des passerelles en cyprès. On marche sur les eaux. Les jardins sont suspendus, comme à Babylone. Je me perds dans ce dédale d’escaliers qui conduisent aux maisons ou à la place publique, sur pilotis elle aussi. La mère Michelle est passée par là d’ailleurs.
On se déplace en bateau. Venise, quoi. Mais en moins riche. L’opulence n’est apparemment pas très présente ici. Et la vie doit y être dure. Les pêcheurs écopent l’eau froide de leur bateau. Un geste routinier. Et beaucoup  de touristes (enfin tout est relatif), des cyclistes surtout. Des malades, des fous. Hier je voyais une nana seule en train de pousser dans les côtes son vélo qui devait peser 3 tonnes. Aujourd’hui, c’est un mec qui met pied à terre en pleine montée sur de la grosse tôle ondulée qui doit lui masser le derrière comme il faut. Déjà qu’en 4x4, ça passe mais parfois je me demande si le tableau de bord ne va pas sortir par la fenêtre, alors en vélo…Et à raison de 50 km par jour sur ce terrain, combien de temps faut il pour faire 1000 bornes ?
Fin de l’aparté.
J’ai de la chance. Au milieu de toute cette grisaille, un rayon de soleil vient furtivement donner un peu de gaité à ce lieu.












Bizarrement, aucun baigneur ni bikini sur la plage. Trop tôt certainement.
Comment peut-on vivre ici? Dans le froid, l’humidité constante, la grisaille. Un Chilien me disait qu’il pleut toujours ici.
Je me lance maintenant sur l’ultime tronçon de cette carretera australe, celui qui va me mener à Villa O’Higgins. Lancé par un illustre politicien de l’époque, ces 100 derniers km ne seront inaugurés qu’en 1999. Un ferry s’impose pour traverser le fjord Mitchell, une autre mer. Service public svp.
Contrairement à Ushuaia où on n’avait pas trop l’impression de s’éloigner de la civilisation, là, il en est tout autrement. Et tout concourt à ce sentiment. On est en plein dans le réel et dans le psychologique. Comment expliquer ?
Intrinsèquement, cette piste n’est pas difficile. Certes, il ne faut pas sortir de la route, sinon badaboum. Mais on roule au milieu d’une nature vierge, brute de fonderie. C’est le royaume de l’eau, de la pluie, du brouillard, de la neige, de la glace. C’est le royaume du noir et blanc, du gris. Les autres couleurs ont du mal à être de la partie. Ça vous met une certaine pression. Tu te dis que s’il m’arrive quelque chose ici, je ne suis pas seul, mais enfin il n’y a pas grand monde non plus. Il manque plus que les petits ursidés type Alaska pour que le tableau soit complet.










Donc, 100 bornes sous la flotte, 100 bornes à faire gaffe à la piste, à ne pas déraper, aux quelques voitures ou camions que l’on croise néanmoins, 100 bornes à une petite moyenne. Et ça monte dur, ça descend dur aussi.
A vivre quoi. Difficile de retranscrire tout cela en photos. Des arbres, des montagnes, de l’eau. Mais pour le ressenti, à vous d’imaginer…ou de venir trainer un jour vos galoches par ici.
Ah, j’oubliais. Une dosette de douceur dans ce monde de brutes. Des colibris, et en nombre. Comment ces petites bestioles peuvent vivre ici, dans ce froid. Mpi qui croyais qu’ils affectionnaient les Tropiques. Recherche Internet. Allez zou.
Lors de la remontée, je repasse par le même chemin bien sur, et là, retour sur le Rio Baker et lago Bertrand et Buenos Aires, avec un soleil couchant. Regardez ces différences de couleurs d’eau, comme c’est beau.








Et pour les amoureux, le mont San Valentin qui brille de tous ses feux du haut de ses 4058 m quand même. Respect.
Ciao, à la prochaine, plus au nord.

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