Trajet Amérique du Sud


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vendredi 25 mars 2011

Epilogue


Je commence à écrire ces quelques lignes…du milieu de l’Atlantique, exactement S  4 55,958 W 29 3.345. Et il s’en est passé des choses depuis que je vous ai laissé dans mon dernier message.
On peut dire une chose, c’est que le voyage s’est terminé dans la douleur.
J’ai attendu une semaine dans le petit camping L’Hirondelle à 30 km de BA l’autorisation d’embarquer à Zarate.Je n’ai su que vendredi 15 h que j’avais rendez vous le lendemain à 9 h à Zarate pour embarquer, Zarate étant situé à 75 km de Tigre où est mon camping.
Adieu à tout le monde du camping. 5 m dans le chemin et boite de vitesse bloquée. Je suis arrivé certes au camping avec des soucis de boite, mais elle fonctionnait encore. Et voilà, une semaine de repos, et hop, bloquée. Bloquée de chez bloquée. Même plus de point  mort.
Que faire ? Y aller quand même et courir le risque de tomber en rade sur les 75 km qui me séparent de Zarate, pour ensuite n’avoir aucun moyen de sortir de ce pétrin.
Beatriz, la propriétaire du camping, a appelé l’assistance comprise dans mon assurance argentine. OK, ils envoient un plateau entre une demi heure ou 3 heures. Ce furent 3 heures d’attente. En arrivant, le chauffeur me dit qu’il ne peut me charger sur son plateau car je suis trop lourd !!!
On rappelle. Il a fallu leur expliquer que ce n’était pas un pick-up chargé de marchandises mais une casa rodante, un camping car. C’est apparemment dur à comprendre pour un Argentin.  Re attente et à 22h 30 arrive un nouveau plateau.
Ouf, quel soulagement. Je peux vous dire que je me rappellerai de cette journée. Quelle angoisse de penser qu’on a une chance sur 2 de louper son bateau, d’avoir dépensé des sous pour rien, et d’être cloué là, à la porte de sortie.
Je passe une courte nuit dans l’enceinte du port. Ce matin, mon rendez-vous de 9 heures est un fantôme. Je vois par hasard un type de l’agence, qui me prend mon document d’entrée du véhicule, qui part en me disant que tout va bien se passer. 2 heures d’attente, aucune nouvelle. Quelle organisation de merde. Je m’adresse à des gars qui montent les voitures dans les bateaux. Je ne sais par quel tour de passe-passe ils opèrent, mais 1 heure après je suis dans le bateau. Le Toy est monté de triste manière, à la tirette, mais il est monté. C’est l’essentiel. Dans mon malheur, la boite a eu l’heureuse idée de lâcher près du but. Je n’ose imaginer ce qui serait advenu si cela s’était produit à Villa O’Higgins.
Morale de l’histoire. Si vous avez un impératif de retour avec votre voiture, prenez au moins 2 semaines d’avance pour arriver sur place. Je dis bien sur place, et pas à 70 km…
Je croise les passagers sortants. Ceux avec un véhicule sont bloqués le week-end car la douane est fermée. Ils ont contents. Et moi, le gars de l’agence m’a dit qu’il emmenait mon papier de la voiture à la douane. A ne rien comprendre.
A ne rien comprendre non plus le fait que nous ne soyons que 2 passagers sur le bateau alors qu’on m’avait dit que nous étions 8 ou 9.
Ça va être gai. 2 sur le bateau. Et c’est pas une jolie fille, c’est un retraité suisse allemand, Hans. Il avait immigré étant enfant en Uruguay. Il y est retourné vendre un terrain et son retour en bateau est un pèlerinage. Il veut boucler la boucle. Venu en bateau, revenu en bateau. Il parle français et est sympa. Mais on s’est vite tout dit nous passons nos journées seuls chacun dans sa cabine. Cool.
En plus, le bateau est du style bateau fantôme. L’équipage philippin est invisible. Ils vivent dans leurs cabines. L’ambiance est assez délétère ; les Italiens perdent leur boulot au profit des Philippins et ils ne les portent pas trop dans leur cœur. Ils ne nous parlent pas et quand on leur demande quelque chose, en général ils ne savent pas. Nous avons un peu l’impression qu’ils nous ignorent. Ordres ou comportement personnel ?
On est loin de l’ambiance de l’aller avec interminables parties de baby-foot ou de ping-pong. Côté positif, la bouffe est bonne. De la vraie cuisine flatteuse, pas comme à l’aller aussi. C’est toujours ça de pris.
Bon. C’est comme ça, il faut faire avec.
Départ de Zarate le dimanche, direction Paranagua au Brésil. Le lendemain, d’un seul coup. En pleine mer, on passe de 18 nœuds de vitesse (environ 35 km/h) à 7 km/h. Le moteur pétarade. Quelle poisse. Je cumule les emmerds. Avec Hans, nous demandons à voir le capitaine pour changer de bateau. On ne peut traverser l’Atlantique dans ces conditions et si on le tentait, on mettrait 3 mois pour le faire.
Comme par hasard, ça repart. Le captain nous explique que c’était un problème d’ordinateur de bord qui ne marchait plus, mais que le moteur n’a rien. Simplement, pour naviguer, ils auraient du passer en manuel et tenir la barre 24h/24 comme au bon vieux temps. Entre temps, ils ont trouvé une solution. Je croise les doigts car ce midi, au milieu de nulle part, le navire a soudain ralenti et est reparti. Bien sur aucune explication.
La communication n’est pas le point fort de la marine marchande.
Coup de fil satellite à Fred de Aquitaine 4x4 pour qu’il organise mon « rapatriement » du Havre dans son garage. Un transporteur est trop cher et il me propose tout bonnement de venir avec une boite neuve et de la changer sur place. Quand on est un bon du Paris Dakar, cela fait certainement partie de la routine. En tout cas merci du coup de main.
Merci aussi à mes amis voyageurs pour le sms d’encouragement reçu ce midi sur l’iridium. Cela fait plaisir.
Arrêts dan 3 ports brésiliens, Paranagua, Santos et Rio de Janeiro. Puis longue remonté et traversée de l’Atlantique. 7 jours de mer non stop pour arriver à Dakar. Et là, re-coup de théâtre. Il y a 4 bateaux de la Grimaldi qui attendent d’entrer au port et nous resterons 4 jours ancrés au large. En tout 6 jours à Dakar. Sympa non ?
Jeudi 18 heures, nous quittons le port tout content de reprendre la mer pour 7 jours. Une heure de mer et le moteur principal s’arrête. Avarie électrique. Cela repart après 1 heure de recherche de la panne pour …une demi-heure et re-avarie. Nous nous sommes vus revenir à Dakar avec un remorqueur. Décidément quelle poisse. Finalement ils trouvent la panne, d’origine électronique car tout le bâtiment est sous contrôle de l’ordinateur. Et c’est reparti pour de bon cette fois.
Nous allons à Hambourg, car il faut que je vous dise le bateau ne s’arrête au Havre qu’au retour. Donc, je ferai une semaine supplémentaire avec Hamburg, Tilbury, Anvers et Le Havre. Vous connaissez le roman « 5 semaines en bateau » ? Hans partira et 7 nouveaux passagers me rejoindront.
Nous apprendrons en arrivant à Hamburg que le chef mecano philippin a été remercié et descendra en Allemagne. Embarquera aussi une équipe de 18 techniciens italiens pour faire un check-up complet du navire et tentera de résoudre les problèmes rencontrés.
Après Dakar, l’Atlantique change de physionomie. La couleur change, et la mer est formée. Ca bouge pas mal. Le roulis est particulièrement désagréable, d’autant que le lit est en travers de la marche, et vous avez le corps qui va et vient dans le lit, avec le cerveau qui « flotte » au gré des mouvements. Il n’y a pas mieux pour vous coller dans un état nauséeux. Heureusement cela ne dure pas et globalement nous aurons une mer calme, y compris dans le golfe de Gascogne et à l’entrée de Gibraltar où nous avions été bien secoués à l’aller. Seule la mer du nord sera un peu secouante et nous fera passer une nuit agitée.
Après Hamburg, avec les 7 nouveaux passagers. L’ambiance est plus dynamique. Je retrouve les parties de ping pong et de baby foot. J’en profiterai pour rendre visite à Celine et Alex à Londres et visiter Antwerpen. Cela me fait plaisir de revoir mes amis et cela me change les idées. Ils ont bien voulu me donner une permission de sortie…pour bonne conduite.
Arrivée au Havre Vendredi midi, plus tôt que prévu pour une fois. Fred de chez Aquitaine 4x4 viendra me chercher le soir et le Toy retrouvera la maison sur un plateau, direction Bordeaux pour un changement de boite et un check up complet après près de 100 000 km de bons et loyaux services.
Ainsi se termine un beau et long voyage. Ma tête gardera en mémoire pleins de bons souvenirs. Merci à vous tous de m'avoir accompagné pendant tout ce temps, chacun à votre manière.