Carretera australe

L’Argentine a sa Ruta 40. Le Chili a lui aussi son must, la Carretera Australe. Plus récente que son homoloque argentine, elle remplit la même fonction, c’est-à-dire aller le plus loin possible au sud. Mais ici, vu les conditions topographiques, elle s’arrête beaucoup plus tôt, à Villa O’Higgins.

On va donc aller voir de plus près de quoi il retourne.

De Perito Morenoo ville, direction le Chili en longeant le 2^e plus grand lac d’Amérique du sud après le Titi Caca, le lago Buenos Aires en Argentine, ou General Carrera au Chili.

Un n ième passage de douane avec contrôle sanitaire où j’ai été obligé de faire cuire mes 10 œufs, Quels cons. Encore un peu et ils me piquaient mes amandes grillées pour l’apéro. A sortir mon réchaud, j’ai aussi découvert ma cache pour mes oignons, tomates, patates, et après, j’ai une droit à une fouille plus zèlée. Mais ils n’y avait rien d’autre.

 Je leur ai dit qu’ils feraient mieux de se foutre sur la gueule une bonne fois pour toutes entre Chiliens et Argentins et ne pas prendre pour bouc émissaire les gens qui ne font que changer de pays et qui n’y sont pour rien dans cette animosité. Mais cela se passe souvent comme ça. Regardez Khadafi et les Suisses…

Ensuite, la piste qui va de Chili Chico à Cochrane en longeant le lac BA est tout simplement superbe. Des points de vue magnifiques sur le lac, des couleurs changeantes selon les jeux d’ombre, de fortes montées ou descentes, circulant à flanc de montagne, elle est à la fois champêtre, sauvage, et belle tout simplement. Un régal…par beau temps.

Surgissant sans prévenir, cette Laguna Verde (une de plus), avec son eau verte (normal), ses iles, cette forme. Incroyable.

Pour finir la journée, un bivouac avec vue exceptionnel. Et coucher de soleil qui l’est autant.Tranquille…et juste au moment où j’écris ces lignes, une voiture arrive. C’est le proprio qui venait voir qui était sur ses terres. No problema.

Lla Carretera australe est très prisée des voyageurs en vélo, qui doivent en baver vu les pourcentages, le vent, la météo…On y rencontre aussi de drôles d’attelages, d’un autre temps.

Et mon ami Bertrand là dedans. Tous les aficionados savent qu’il a déjà son cratère, quelque part en Tunisie. Mais le cachotier nous avait caché qu’il avait aussi son lac, et pas une mare aux canards. Où sont les skis nautiques…et la combinaison néoprène impérative ?

De cet imbroglio de lacs, nait le fleuve le plus tumultueux du Chili, le Rio Baker, avec ses eaux turquoises de toutes beauté. Une furie, mais une furie de toute beauté, surtout lorsqu’il rencontre d’autres rios. On voit bien la différence de couleur. Superbe. Et quand il arrive au terme de son cours, au niveau de Caleta Tortel, pour se jeter dans le Pacifique, sa taille, ses remous sont tels, que l’on croirait voir un fleuve du bassin de l’Amazone. Impressionnant, surtout sous un ciel tout autant menaçant.

Espérons que demain, le soleil soit à nouveau de la partie pour apprécier le site exceptionnel de Caleta Tortel.

Tout ce paysage risque fort de disparaitre car un projet de retenue d’eau (represas) est en cours. Les partisans et les détracteurs se manifestent à grand renfort de panneaux publicitaires, C’est un comble de voir cela dans une région aussi sauvage.

Car, c’est aussi cela la Carretera Australe. Un trait de crayon dans une nature sauvage, hostile, avec 2 immenses champs de glace que l’on discerne, les campos de hielo sur y norte.