Trajet Amérique du Sud


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vendredi 28 janvier 2011

Carretera australe norte – Que du bonheur


Je retrouve mes amis suisses allemands et leur petit 4x4 MAN. Comme souvent, je suis invité à manger. Les Suisses sont d’un naturel au premier abord peu engageant, réservé, mais cela s’avère être leur manière d’être. Ils se révèlent accueillant au fil du temps. Il leur faut sans doute un peu plus de temps qu’à nous, « méditerranéens » pour ouvrir une chopinette.
Dans le MAN, on enlève ses zapatos. Pas une trace de poussière. Je passe d’abord dans le couloir, la cuisine, la salle à manger. La chambre à coucher est juste un peu plus loin. Je suis essouflé par cette longue marche.
Trêve de plaisanterie. C’est immense. Birgit et Gaspard me proposent un café pour finir le repas. Dosettes en sachets, et on appuie sur le bouton de la machine expresso !!
Je me sens un peu mal à l’aise dans toute cette débauche de moyens, avec mon sweet sale, ma cafetiere italienne toute martyrisée par les secousses des voyages. Mais bon, j’ai un gros avantage. Je passe partout alors qu’eux, c’est loin d’être le cas. Un peu plus loin, je leur dit de faire demi tour sur une piste en très forte descente car ils ne passeront pas et seront obligés de faire marche arrière toute. En plus, ils ont des problèmes de tonnages avec certains ponts, de largeur de piste, de croisement avec les autres véhicules.
En fait, ils ne conçoivent pas le voyage en quittant le confort qu’ils ont chez eux. N autre couple de suisse, très sympa aussi, Thomas et Regina, me demandait pour l’eau dans le désert d’Atacama. Pas d’eau facile dans ce lieu. Ils ont 250 litres de réserves. Oui, mais tu comprends, la vaisselle, ça en consomme beaucoup !!
Chacun sa manière de voyager.
Les paysages  sur la carretera australe sont toujours époustouflants. C’est l’aspect sauvage, brut, qui me marque le plus, surtout lorsqu’il pleut et c’est le cas depuis Caleta Tortel . Au mieux, il fait beau quelques heures et ensuite ça se dérègle. La végétation est exubérante comme le nevado, cette espèce de rhubarbe immense, dont les feuilles peuvent faire plus de 1 mètre de diamètre. On se croirait en Amazonie, avec la fraicheur. La route est parfois austère, avec des trous, de la tole, des ravins, mais les vues sont superbes. Et le vent qui s’en mêle. Et tous ces arbres morts ne contribuent pas à changer l’atmosphère. Au contraire.
Ce sont des arbres morts suite à l´´eruption en 1991 du volcan Hudson. Tout y est passé, la végétation, les troupeaux. Dur dur.
Dans cet univers, je passe une super soirée en compagnie d’un couple de cyclistes néo zelandais, Anna et Ben. Soirée pates et sauce tomate. Cool. A bientôt chez vous, au Royaume des Anneaux.
Puerto Cisnes dans la bruine n’est guère engageant. Le route qui va ensuite au parc de Queulat l’est encore moins. Fortes pentes, étroitesse, ravines, boue, pluie, brouillard. Je me sens seul dans cet univers. Le glacier colgante (littéralement qui pend)du parc est un must. Mais aujourd’hui un must dans le brouillard. J’y rencontre un couple de back packers espagnols avec qui je passe le temps attendant une hypothétique embellie. Puis arrive une allemande qui vit ‘a La Paz, Brigitte. Rediscut. Aucun changement de temps. On décide de partir. Et là, le glacier daigne se dévêtir quelque peu. Oh ! Il n’enlève que le haut, mais c’est pas si mal. Nous sommes contents.



Je passerai 3 jours avec Brigitte qui a son propre véhicule, un Jimmy. Grosse marche de 5 heures où on ne verra personne. Bivouac de rêve près d’un rio avec une vue magnifique près du lago Rosselot. Et le temps là dedans.
Incroyable. Alerte météo sur la Patagonie. Une nouvelle. Canicule. Il fait  jusqu’à 30 dans la journée. Pas de vent. Avec Brigitte, on discute dehors jusqu’à 1 heure du mat. Là, le froid commence à nous rattraper. Les moustiques ressortent, c’est un signe. J’avais oublié. Les taons de 2 cm de long aussi. Quelle plaie ces bestioles. Et i8ls piquent dur ces cons. C’est la guerre…
Le lendemain, belle rencontre avec Pierre et Corinne le long de la route. Et quelle hospitalité. Je passe à midi, je m’arrête pour dire bonjour. C’est comme ça entre voyageurs. Pierre (ami de Romney) est en extase devant le Toy. Je suis invité à manger dans la cellule Azalaï (avec mes chaussures). Des gens très gentils. On bavarde. On bavarde. Le temps passe vite.
Puis, le clou de la journée avec le ventisquero (langue glaciaire) Yelcho chico. Le Glaciar colgante du Queulat, mais en plus grand, plus beau, et avec un ciel mes amis. Une merveille. Et gratuit en plus (3000 au Queulat). 2 heures de marche dans la boue pour aller au bout du sentier et rencontrer un jeune Polonais que nous reverrons le lendemain.

Nous décidons de pousser jusqu’à Chaiten, ville terminus avant le ferry pour Chiloe ou Puerto Montt, mais ville connue aussi pour avoir été ensevelie en 2008 sous les cendres du volcan éponyme. Spectacle de désolation. Voyeurisme ou voyage. Nous ne nous attardons pas trop dans ces lieux d’autant qu’un hors piste a failli nous couter une nuit sur place car cendre et sable sont plutôt mous. Vous voyez ce que je veux dire.

Diner de poisson frit au resto et retour 50 km en arrière où Brigitte avait laissé sa voiture. Ill est 22h 30. Avec le soleil couchant, on ne voit pas bien la lumière des phares. Et pour cause, on s’apercevra un peu plus tard qu’il n’y a pas de phares. Nada. 50 km au clignotant et à la lampe frontale que Brigitte tend par la fenêtre. Dur dur. Brigitte, qui est plus habituée à l’auberge et à un certain confort, a flippé un peu devant cette situation. Ce qui ne nous empêchera pas de bavarder jusqu’à 2h30 du mat (record battu) avec quelques verres de Carmere chilien.
Temps toujours au beau fixe. Avec Maurice, notre polonais de service pris en stop, destination la frontière à Futaleufu sur une piste aux paysages enchanteurs.
De Perito Moreno ville à ici, 2000 km de carretera australe. Souvenir indélébile, de part sa majesté, sa rudesse, sa beauté, sans oublier les rencontres de voyageurs qui ont égayé ce petit bout de voyage.
Retour à Trevellin. Brigitte va dans le parc des Alerces que j’avais visité il y a 2 mois. En ce qui me concerne, à nouveau grande traversée en travers de l’Argentine pour rejoindre Trelew avant d’entamer ma remontée vers BA. En attendant, réparation du problème de phares, résolu à l’africaine car il y a un problème on ne sait où dans le faisceau. Quelques temps à Punta Ninfas `pour tenter de voir les orques venir casse crouter les bébés otaries. Puis il faudra penser à la remonte et arriver quelques jours avant le départ théoriques du bateau le 11 ou 12 février.
A bientôt les amis

jeudi 20 janvier 2011

Poésie et la Fin du monde


L’arrivée à Caleta Tortel est surprenante. Déjà, il fait gris, noir, et il pleut. Bonjour tristesse. Ça dégouline de partout. Ayez à l’esprit que je suis en pleine forêt quasi vierge, primaire on va dire. Froide mais primaire. La route pour venir jusqu’ici n’a été faite qu’en 2003. Hier.
Et que découvre t on ? Un fjord à l’embouchure du Rio Baker sur le Pacifique, où se niche une cité lacustre. Une petite Venise bâtie sur pilotis. Il n’y a pas de rue ici ; que des passerelles en cyprès. On marche sur les eaux. Les jardins sont suspendus, comme à Babylone. Je me perds dans ce dédale d’escaliers qui conduisent aux maisons ou à la place publique, sur pilotis elle aussi. La mère Michelle est passée par là d’ailleurs.
On se déplace en bateau. Venise, quoi. Mais en moins riche. L’opulence n’est apparemment pas très présente ici. Et la vie doit y être dure. Les pêcheurs écopent l’eau froide de leur bateau. Un geste routinier. Et beaucoup  de touristes (enfin tout est relatif), des cyclistes surtout. Des malades, des fous. Hier je voyais une nana seule en train de pousser dans les côtes son vélo qui devait peser 3 tonnes. Aujourd’hui, c’est un mec qui met pied à terre en pleine montée sur de la grosse tôle ondulée qui doit lui masser le derrière comme il faut. Déjà qu’en 4x4, ça passe mais parfois je me demande si le tableau de bord ne va pas sortir par la fenêtre, alors en vélo…Et à raison de 50 km par jour sur ce terrain, combien de temps faut il pour faire 1000 bornes ?
Fin de l’aparté.
J’ai de la chance. Au milieu de toute cette grisaille, un rayon de soleil vient furtivement donner un peu de gaité à ce lieu.












Bizarrement, aucun baigneur ni bikini sur la plage. Trop tôt certainement.
Comment peut-on vivre ici? Dans le froid, l’humidité constante, la grisaille. Un Chilien me disait qu’il pleut toujours ici.
Je me lance maintenant sur l’ultime tronçon de cette carretera australe, celui qui va me mener à Villa O’Higgins. Lancé par un illustre politicien de l’époque, ces 100 derniers km ne seront inaugurés qu’en 1999. Un ferry s’impose pour traverser le fjord Mitchell, une autre mer. Service public svp.
Contrairement à Ushuaia où on n’avait pas trop l’impression de s’éloigner de la civilisation, là, il en est tout autrement. Et tout concourt à ce sentiment. On est en plein dans le réel et dans le psychologique. Comment expliquer ?
Intrinsèquement, cette piste n’est pas difficile. Certes, il ne faut pas sortir de la route, sinon badaboum. Mais on roule au milieu d’une nature vierge, brute de fonderie. C’est le royaume de l’eau, de la pluie, du brouillard, de la neige, de la glace. C’est le royaume du noir et blanc, du gris. Les autres couleurs ont du mal à être de la partie. Ça vous met une certaine pression. Tu te dis que s’il m’arrive quelque chose ici, je ne suis pas seul, mais enfin il n’y a pas grand monde non plus. Il manque plus que les petits ursidés type Alaska pour que le tableau soit complet.










Donc, 100 bornes sous la flotte, 100 bornes à faire gaffe à la piste, à ne pas déraper, aux quelques voitures ou camions que l’on croise néanmoins, 100 bornes à une petite moyenne. Et ça monte dur, ça descend dur aussi.
A vivre quoi. Difficile de retranscrire tout cela en photos. Des arbres, des montagnes, de l’eau. Mais pour le ressenti, à vous d’imaginer…ou de venir trainer un jour vos galoches par ici.
Ah, j’oubliais. Une dosette de douceur dans ce monde de brutes. Des colibris, et en nombre. Comment ces petites bestioles peuvent vivre ici, dans ce froid. Mpi qui croyais qu’ils affectionnaient les Tropiques. Recherche Internet. Allez zou.
Lors de la remontée, je repasse par le même chemin bien sur, et là, retour sur le Rio Baker et lago Bertrand et Buenos Aires, avec un soleil couchant. Regardez ces différences de couleurs d’eau, comme c’est beau.








Et pour les amoureux, le mont San Valentin qui brille de tous ses feux du haut de ses 4058 m quand même. Respect.
Ciao, à la prochaine, plus au nord.