Le véhicule

Une fois n'est pas coutume, nous allons vous parler de technique.

Vous nous avez fait savoir que vous êtes demandeurs de ce genre d'infos, et que vous vous posez des tas de questions du genre: "mais vous faites comment pour le gasoil?" ou "vous dormez où?".
Alors, mais uniquement pour ceux que les considérations techniques ne rebutent pas, nous allons vous en apprendre un peu plus sur notre toy.

Au fait, contrairement à beaucoup qui baptisent leur voiture, du style "Phaco Dundee" pour la Citroen ami 8 de Jacques Victor, ou "Outback" pour les Bourlingieurs, le notre n'a pas de nom. Nous l'appelons le Toy. Eh oui, c'est notre jouet.

Nous avons acquit cette nouvelle monture très récemment, en mars 2008, non pas parce que notre ancien jouet n'était pas à la hauteur, mais parce que nous aspirons à plus de "confort" lors de nos longs voyages. Au début de nos pérégrinations, nous dormions à même le sol sur des mousses, à la belle bien sur, et nous nous sommes accommodés de cette chambre à coucher fort longtemps.
Puis, nous avons réfléchi (eh oui cela nous arrive!!) que cela pouvait comporter certains risques inhérents aux bébêtes qui se promènent la nuit.
Aussi, nous avons élevé le débat (certains diront les ébats) en nous allongeant sur des lits de camp, très confortables, et offrant toute la protection demandée.
Mais cela ne vaut que l'été. Imaginez le froid, le vent et dormir à la belle! Certes, c'est possible et nous l'avons fait mais nos rhumatismes se réveillent avec l'âge. Nous sommes alors passés à la "Quechua" qui pour nous est la meilleure tente sur terre; elle se monte vite et surtout sans piquets. Imaginez mettre 20 piques et et enlever 20 piquets pendant plusieurs mois. A la fin, il ne vous en reste plus que 3!!
Et puis, cet hiver, nous avons couché dans notre guitoune par -9° en Haute Loire et par -5 régulièrement en Afrique. Une fois dans le sac conçu pour -30 c'est bon, mais avant, gla gla. Sans parler des tempêtes de sable, de la pluie ou de la neige comme en Tunisie. Nous avons apprécié les cellules de nos potes Bertrand et Jean-Claude.

Nous avons donc établi un cahier des charges; il nous fallait un toit pour dormir, à l'abri, au chaud. Un petit camping car . Mais sans concession aux possibilités tout terrain, autrement dit hors de question de choisir un camping car "traditionnel". Nous recherchions donc un grand véhicule avec un GRAND volume intérieur...et le plus petit volume extérieur; la quadrature du cercle quoi!! Un toy bien sur! Et un ancien modèle, rustique, si possible sans électronique, un truc pour l'Afrique.

Le choix était vite fait; le Toyota modèle 75 ou 78 étaient tout désignés, d'occase, pas trop de km, pas cher, bien équipé. Enfin, vous voyez, le truc impossible à dénicher d'autant que ces modèles ne sont plus commercialisés en Europe depuis 2002 pour cause de normes antipollution, et donc très recherchés d'occasion.
Abdul, notre guide libyen, nous a mis en contact avec un de ses clients et ami, garagiste et préparateur de 4x4 sur Bordeaux, Fred de chez Aquitaine 4x4. Il a cherché des modèles 78 tôlés, sans succès; trop chers, tout nus, beaucoup de km, pas en bon état. Nous commencions à nous orienter vers le marché allemand plus porteur de ce type de modèle.
Pour rentrer dans la technique, les modèles 75 et 78 ont des moteurs diesel 6 cylindres atmo de 4.2 litres pour 130 CV. Rendement très moyen mais quasi increvables. Conception un peu ancienne, avec crabotage manuel du pont avant; il faut descendre de la voiture pour enclencher les demi-arbres avant si ce n'est déjà fait, ou au mieux craboter le différentiel central. C'est ce modèle que nous recherchions pour qu'il puisse durer dans le temps. Équipement et confort sommaires, bruyants, mais tant pis, nous étions prêts à revenir en arrière sur ces aspects. Par contre, un gros volume, et facilement aménageable selon nos souhaits.

Et puis, gros coup de bol, Fred nous appelle. alors que nous étions encore en Tunisie

Bon, maintenant, les néophytes devront s'accrocher car cela devient très technique. Un de ses clients vend un modèle avec carrosserie de 75 tôlé ( ce que nous recherchons) mais sur un chassis de Toyota HDJ 80 et avec moteur de HDJ 80. C'est ce qui s'est fait de mieux chez Toyota en matière de tout terrain. 4x4 permanent, 4 ressorts pour un meilleur confort, blocages des différentiels centraux, avant et arrière, moteur du 80 24 soupapes, c'est à dire un 4.2 litre turbo avec intercooler, certes un poil moins fiable que l'atmo, mais qui développe quelques 200 CV.

C'est pas tout. Tout équipé: amortisseurs Proflex (des trucs de compet à un prix fou auxquels nous n'aurions jamais pensé), double réservoir de gasoil (300 litres) et un réservoir d'eau de 100 litres placés sous le véhicule. Et environ 150 000 km.
Bref, sur le papier, le truc introuvable. Il n'y en a que 2 comme ça en France.

Nous n'avons pas été longs à nous décider. Il nous fallait alors l'aménager, car là, il était comme une bétaillère et pas en très bon état à l'intérieur. Un mois et demi de boulot, de la toile émeri, de la peinture, de la réflexion pour faire selon nos besoins et surtout selon notre expérience, et nous avons fait un 4X4 camping-car de luxe: 3 places assises, 2 (ou 3) places de couchage, des coffres, un réchaud au pétrole de marque Wallas, un chauffage au GO Eberspächer, frigo Engel, double batterie avec panneau solaire.

Il ne nous restait plus qu'à l'essayer;C'est dans cette optique que nous avons passé un mois au Maroc, sur toutes sortes de terrain, de la piste de montagne cassante, montante, lente, rapide, en passant par des pistes sableuses et quelques dunettes dans le sud, il marche bien le bougre. A l'aise, avec un couple énorme, il passe les difficultés. Il a quand même fallu que le chauffeur se fasse à la conduite avec boîte manuelle (de camion,avec double débrayage) après des milliers de km avec une boite auto. Mais ça vient.

Pas de soucis majeurs après 12 000 km d'utilisation. Une conso qui oscille entre 10 et 11 litres, ce qui est très raisonnable vu la taille de l'engin(e).

Ah si! Nous l'avions prévu. Assis à l'intérieur sur les coussins, le toit est vite atteint et notre tête a un air penché; nos vertèbres n'apprécient guère. Nous avons donc envisagé d'y installer un toit ouvrant en résine , avec une toile, afin de s'asseoir correctement, et même de se tenir debout. Nous avons déniché ce toit cher un artisan italien du nom de MODULIDEA, alias Stefano Fecci (allez voir son site, ses cellules sont faites pour les baroudeurs).; Jean Claude a commandé sa cellule chez lui. 3 semaines pour l'installer, sans se gourer, car une fois le toit en tôle scié, le point de non retour est dépassé.
Il nous fallait également une petite galerie pour le dessus de la cabine, afin d'y loger la 2e roue de secours. Une galerie doit résister aux vibrations énormes dues à la piste, afin de ne pas être enquiquiné comme a pu l'être Jean CLaude en Libye.Justement, sur les conseils de JC - chat échaudé craint l'eau froide - qui s'était rencardé sur ce qui se faisait en la matière, nous avons opté pour une galerie de fabrication italienne - décidément les italiens nous envahissent - qui a résisté à un mois de baroud sur les pistes harassantes du Maroc. C'st la société T2A qui nous l'a fournit.

Pour ces 2 derniers aménagements, le résultat est conforme.

Nous sommes bien installés. Reste maintenant à en tirer le meilleur profit et à tester tout cela grandeur nature. C'est ce que nous allons tenter de faire lors de notre prochain grand et long voyage en Afrique de l'Ouest.