Trajet Amérique du Sud


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mercredi 6 avril 2011

A vos atlas


vendredi 25 mars 2011

Epilogue


Je commence à écrire ces quelques lignes…du milieu de l’Atlantique, exactement S  4 55,958 W 29 3.345. Et il s’en est passé des choses depuis que je vous ai laissé dans mon dernier message.
On peut dire une chose, c’est que le voyage s’est terminé dans la douleur.
J’ai attendu une semaine dans le petit camping L’Hirondelle à 30 km de BA l’autorisation d’embarquer à Zarate.Je n’ai su que vendredi 15 h que j’avais rendez vous le lendemain à 9 h à Zarate pour embarquer, Zarate étant situé à 75 km de Tigre où est mon camping.
Adieu à tout le monde du camping. 5 m dans le chemin et boite de vitesse bloquée. Je suis arrivé certes au camping avec des soucis de boite, mais elle fonctionnait encore. Et voilà, une semaine de repos, et hop, bloquée. Bloquée de chez bloquée. Même plus de point  mort.
Que faire ? Y aller quand même et courir le risque de tomber en rade sur les 75 km qui me séparent de Zarate, pour ensuite n’avoir aucun moyen de sortir de ce pétrin.
Beatriz, la propriétaire du camping, a appelé l’assistance comprise dans mon assurance argentine. OK, ils envoient un plateau entre une demi heure ou 3 heures. Ce furent 3 heures d’attente. En arrivant, le chauffeur me dit qu’il ne peut me charger sur son plateau car je suis trop lourd !!!
On rappelle. Il a fallu leur expliquer que ce n’était pas un pick-up chargé de marchandises mais une casa rodante, un camping car. C’est apparemment dur à comprendre pour un Argentin.  Re attente et à 22h 30 arrive un nouveau plateau.
Ouf, quel soulagement. Je peux vous dire que je me rappellerai de cette journée. Quelle angoisse de penser qu’on a une chance sur 2 de louper son bateau, d’avoir dépensé des sous pour rien, et d’être cloué là, à la porte de sortie.
Je passe une courte nuit dans l’enceinte du port. Ce matin, mon rendez-vous de 9 heures est un fantôme. Je vois par hasard un type de l’agence, qui me prend mon document d’entrée du véhicule, qui part en me disant que tout va bien se passer. 2 heures d’attente, aucune nouvelle. Quelle organisation de merde. Je m’adresse à des gars qui montent les voitures dans les bateaux. Je ne sais par quel tour de passe-passe ils opèrent, mais 1 heure après je suis dans le bateau. Le Toy est monté de triste manière, à la tirette, mais il est monté. C’est l’essentiel. Dans mon malheur, la boite a eu l’heureuse idée de lâcher près du but. Je n’ose imaginer ce qui serait advenu si cela s’était produit à Villa O’Higgins.
Morale de l’histoire. Si vous avez un impératif de retour avec votre voiture, prenez au moins 2 semaines d’avance pour arriver sur place. Je dis bien sur place, et pas à 70 km…
Je croise les passagers sortants. Ceux avec un véhicule sont bloqués le week-end car la douane est fermée. Ils ont contents. Et moi, le gars de l’agence m’a dit qu’il emmenait mon papier de la voiture à la douane. A ne rien comprendre.
A ne rien comprendre non plus le fait que nous ne soyons que 2 passagers sur le bateau alors qu’on m’avait dit que nous étions 8 ou 9.
Ça va être gai. 2 sur le bateau. Et c’est pas une jolie fille, c’est un retraité suisse allemand, Hans. Il avait immigré étant enfant en Uruguay. Il y est retourné vendre un terrain et son retour en bateau est un pèlerinage. Il veut boucler la boucle. Venu en bateau, revenu en bateau. Il parle français et est sympa. Mais on s’est vite tout dit nous passons nos journées seuls chacun dans sa cabine. Cool.
En plus, le bateau est du style bateau fantôme. L’équipage philippin est invisible. Ils vivent dans leurs cabines. L’ambiance est assez délétère ; les Italiens perdent leur boulot au profit des Philippins et ils ne les portent pas trop dans leur cœur. Ils ne nous parlent pas et quand on leur demande quelque chose, en général ils ne savent pas. Nous avons un peu l’impression qu’ils nous ignorent. Ordres ou comportement personnel ?
On est loin de l’ambiance de l’aller avec interminables parties de baby-foot ou de ping-pong. Côté positif, la bouffe est bonne. De la vraie cuisine flatteuse, pas comme à l’aller aussi. C’est toujours ça de pris.
Bon. C’est comme ça, il faut faire avec.
Départ de Zarate le dimanche, direction Paranagua au Brésil. Le lendemain, d’un seul coup. En pleine mer, on passe de 18 nœuds de vitesse (environ 35 km/h) à 7 km/h. Le moteur pétarade. Quelle poisse. Je cumule les emmerds. Avec Hans, nous demandons à voir le capitaine pour changer de bateau. On ne peut traverser l’Atlantique dans ces conditions et si on le tentait, on mettrait 3 mois pour le faire.
Comme par hasard, ça repart. Le captain nous explique que c’était un problème d’ordinateur de bord qui ne marchait plus, mais que le moteur n’a rien. Simplement, pour naviguer, ils auraient du passer en manuel et tenir la barre 24h/24 comme au bon vieux temps. Entre temps, ils ont trouvé une solution. Je croise les doigts car ce midi, au milieu de nulle part, le navire a soudain ralenti et est reparti. Bien sur aucune explication.
La communication n’est pas le point fort de la marine marchande.
Coup de fil satellite à Fred de Aquitaine 4x4 pour qu’il organise mon « rapatriement » du Havre dans son garage. Un transporteur est trop cher et il me propose tout bonnement de venir avec une boite neuve et de la changer sur place. Quand on est un bon du Paris Dakar, cela fait certainement partie de la routine. En tout cas merci du coup de main.
Merci aussi à mes amis voyageurs pour le sms d’encouragement reçu ce midi sur l’iridium. Cela fait plaisir.
Arrêts dan 3 ports brésiliens, Paranagua, Santos et Rio de Janeiro. Puis longue remonté et traversée de l’Atlantique. 7 jours de mer non stop pour arriver à Dakar. Et là, re-coup de théâtre. Il y a 4 bateaux de la Grimaldi qui attendent d’entrer au port et nous resterons 4 jours ancrés au large. En tout 6 jours à Dakar. Sympa non ?
Jeudi 18 heures, nous quittons le port tout content de reprendre la mer pour 7 jours. Une heure de mer et le moteur principal s’arrête. Avarie électrique. Cela repart après 1 heure de recherche de la panne pour …une demi-heure et re-avarie. Nous nous sommes vus revenir à Dakar avec un remorqueur. Décidément quelle poisse. Finalement ils trouvent la panne, d’origine électronique car tout le bâtiment est sous contrôle de l’ordinateur. Et c’est reparti pour de bon cette fois.
Nous allons à Hambourg, car il faut que je vous dise le bateau ne s’arrête au Havre qu’au retour. Donc, je ferai une semaine supplémentaire avec Hamburg, Tilbury, Anvers et Le Havre. Vous connaissez le roman « 5 semaines en bateau » ? Hans partira et 7 nouveaux passagers me rejoindront.
Nous apprendrons en arrivant à Hamburg que le chef mecano philippin a été remercié et descendra en Allemagne. Embarquera aussi une équipe de 18 techniciens italiens pour faire un check-up complet du navire et tentera de résoudre les problèmes rencontrés.
Après Dakar, l’Atlantique change de physionomie. La couleur change, et la mer est formée. Ca bouge pas mal. Le roulis est particulièrement désagréable, d’autant que le lit est en travers de la marche, et vous avez le corps qui va et vient dans le lit, avec le cerveau qui « flotte » au gré des mouvements. Il n’y a pas mieux pour vous coller dans un état nauséeux. Heureusement cela ne dure pas et globalement nous aurons une mer calme, y compris dans le golfe de Gascogne et à l’entrée de Gibraltar où nous avions été bien secoués à l’aller. Seule la mer du nord sera un peu secouante et nous fera passer une nuit agitée.
Après Hamburg, avec les 7 nouveaux passagers. L’ambiance est plus dynamique. Je retrouve les parties de ping pong et de baby foot. J’en profiterai pour rendre visite à Celine et Alex à Londres et visiter Antwerpen. Cela me fait plaisir de revoir mes amis et cela me change les idées. Ils ont bien voulu me donner une permission de sortie…pour bonne conduite.
Arrivée au Havre Vendredi midi, plus tôt que prévu pour une fois. Fred de chez Aquitaine 4x4 viendra me chercher le soir et le Toy retrouvera la maison sur un plateau, direction Bordeaux pour un changement de boite et un check up complet après près de 100 000 km de bons et loyaux services.
Ainsi se termine un beau et long voyage. Ma tête gardera en mémoire pleins de bons souvenirs. Merci à vous tous de m'avoir accompagné pendant tout ce temps, chacun à votre manière.

vendredi 11 février 2011

Le temps des Remerciements


Ce voyage s’achève. Je ne suis pas encore sur le bateau mais cela ne saurait tarder. Demain 12 février si tout va bien.
 Il a été le plus long de tous, le plus beau, mais aussi le plus éprouvant. Oh, pas physiquement. Nous avions connu bien plus dur. Mais moralement pour la simple raison que pendant plus de la moitié du temps (7 mois), je me suis retrouvé tout seul, sans ma petite famille, Annie et Camille. Et cela a été par moments dur, très dur.
Surtout au début Le fait de se retrouver seul, du jour au lendemain. C’est fou ce que le Toy devient grand. Alors, sans vous, cela n’aurait pas été possible.
Merci tout d’abord à Annie, ma petite femme, qui par son soutien quotidien, a su me maintenir la tête hors de l’eau. Sans elle, rien n’aurait été possible. N’y a-t-il pas un proverbe qui dit quelque chose du genre « un seul être vous manque et tout s’écroule » ?
Merci à Camille pour son geste d’amour très fort lors de notre séparation à Bogota. Ce geste (elle sait de quoi je parle), fut pour moi d’un grand réconfort, mais aussi d’une grande dureté, car un être cher s’éloignait de moi. De 13000 km.
Merci à mes 2 garçons Tom et Ben qui ont tenu à me faire part de leur soutien, en me donnant des conseils avisés…de gens seuls, parfois, eux aussi. Et Aline, que dire ? Rien, si ce n’est que je te retrouve telle que tu étais à mon départ, charmante et spontanée.
Merci à la famille, aux repas de Noël sans moi et aux bouts de buche gardés au congel. Non, je déconne. Mes coups de fil à chaque réunion de famille ont été un vrai plaisir.
Et puis, merci à tous ces voyageurs, rencontrés au fil du voyage, qui ont partagé leur vie avec moi, et qui m’ont donné de la joie, du courage, du plaisir pour continuer ce voyage loin de mes proches.
Un premier merci à mon backpacker de départ, Enguerrand, avec qui je formais une bonne équipe. Nous aurions bien fait un plus grand chemin ensemble mais ton retour était programmé. Dommage.
En Ecuador, merci à Emeline pour les 2 jours passés ensemble, mais quel merveileux souvenirs de voir ces baleines.
Merci à Jean Jacques et Martine, grand voyageurs devant personne. Rencontre brève, une journée, mais intense, instructive, et le courant est passé. A quand un prochain voyage en Iranie ?
Un merci immense à Chris et Jo pour le mois passé ensemble, à un moment où le moral était en berne. Merci pour leur gentillesse, leur simplicité, leur art de vivre. Chris et Jo, vous êtes formidables. Rendez vous dans 10 ans, place du Colonel Khadafi à Tripoli, mais rendez vous avant impérativement. Et dites à Edith qu’elle augmente un peu ses notes scolaires du bout du monde. Ça fera plaisir à tout le monde.
Merci aussi à la dream team qui s’est ensuite constituée au fil du temps. Romney et Lily, je garderai un souvenir indélébile de votre gentillesse, de votre aide. Et les petits aussi, Maxime en particulier qui s’était attaché à moi. Gros bisous Maxou et Matheo. Romney, je te rappelle qu’un land a 4 roues, et non 3 comme tu peux parfois le laisser penser.
Je n’oublierai pas Marie et Olivier, dont la présence fut pour moi un vrai régal, au propre comme au figuré. Garde ton four en état de marche Marie. Tu es un véritable cordon bleu. Et Olivier, continue à te faire la main avec le Hilux. Le HDJ80 te tend les bras.
Merci aussi à Christian, Caroline et Sophie, mes amis allemands pour leur spontanéité et leur gentillesse. Merci pour le petit mot glissé dans ma glace de portière sur la carretera australe, mais malheureusement, nos chemins ne pouvaient se suivre.
Merci à Marie et Florent pour votre amitié et votre joie de voyager dans ce merveilleux environnement des lacs de la région de bariloche. A bientôt aux Vieilles Charrues.
Je n’oublierai pas non plus mes 2 cyclistes françaises, Nathalie et Magali, dont je n’ai malheureusement pas les coordonnées, avec qui nous avons partagés du temps et notre amour de la petite reine. Je crois sincèrement que vous l’aimez plus que moi pour faire ce que vous faites sur la Carratera australe. A bientôt sur le Ventoux.
Un coucou à Ben et Ana, mes amis néozélandais pour cette soirée pâtes sauce tomate fort agréable. Rendez vous dans la Terre du Milieu.
Merci à Brigitte pour ces 3 jours passés ensemble, là aussi trop courts, Merci pour ta joie de vivre, ton énergie, et ton Camenere chilien, Désolé pour le coup de la panne de phares sur la Carretera australe, mais cela était indépendant de ma volonté. T’as flippé hein ?
Je vais certainement oublier pleins de rencontre brèves. Je citerai néanmoins Pierre et Corinne et leur hospitalité exemplaire, Birgit et Gaspard, mes amis suisses pour la même raison. De même que Thomas et Regina. Un coucou aussi à Fred et Régine, et bien joué pour le coup du voyageur esseulé au Perito Moreno.
Merci à Gilbert et Florence pour leur amitié au camping l'Hirondelle de Tigre. Grâce à vous, l'attente du retour a été cool. Bon retour et bonne réintégration dans la vie "normale" à vous aussi.
Je finirai cette énumération qui me tient à cœur par les messages de mes potes restés à terre, lecteurs assidus de mes articles de blog. Annie, quelle assiduité. Je reconnais la prof. Jean Claude, tes recherches web sont pertinentes. Quel dommage que tu n’aies pas pu me rejoindre. L’autre JC, parti sur les lointaines terres africaines. Prend soin de toi l’ami. Les 2 Jean Mi et leurs messages qui me font toujours plaisir. Céline pour son soutien à distance. Katleen pour sa gentillesse. Martine et Bertrand occupés dans les méandres marocains. Et Jean Pierre qui avait malheureusement pris le maquis…corse.
Voilà. J’ai du oublié plein de monde. Veuillez me le pardonner. En tout cas, ce voyage se termine après 13 mois d’absence de la maison. Un peu plus de 52 000 km. Plus d’une fois le tour de la terre. Parfois difficile, mais les souvenirs et l’expérience emmagasinés resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Et en général, on ne garde que le bon.
Je vous embrasse tous.

mardi 8 février 2011

Il est temps que le voyage se termine...


Cela fait un certain temps que vous n’avez plus de lecture ni photos à vous mettre sous les yeux. Et pour cause. Le voyage est fini, ou presque.
Disons que je suis sur le chemin du retour vers Buenos Aires (BA) pour embarquer. En cours de route, j’avais planifié de refaire un tour à la péninsule Valdes pour voir les orques venir casser la croute de jeunes éléphants de mer. Mais il fait trop chaud, et tout le monde est parti.
Je tue donc le temps en essayant de voir ce que l’on peut voir, mais il n’y a rien à voir sur cette côte atlantique en remontant vers BA. Pire, ce sont les vacances d’été ici, et les plages sont bondées. Très peu pour moi.
Le 1er février, c’est l’anniversaire de Camille. Arrêt wifi dans une station service. L’anniversaire tourne au cauchemar. Un mail de Grimaldi m’informe que mon bateau ne fera pas escale à BA. Tout simplement. Le fret prime. Les passagers passent après. Certes, il y a un port à 80 km de là, Zaratte, mais y descendre ou y monter relève du parcours du combattant.
En arrivant sur le continent, le bateau avait fait escale 4 jours à Zarate et j’avais tenté de quitter le navire pour rejoindre Annie à BA qui poireautait depuis 2 semaines. Impossible. Droit de douane et j’en passe. Un couple de voyageurs avait tenté de sortir faire une balade avec leur tandem et on leur demandait…les papiers du tandem. Kafkaïen non ? Ils n’ont pas pu sortir.
Alors, je campe dans ma station service – charmant – pour être joignable et joindre facilement par telephone. Chaque jour, on me dit que les négociations sont en cours pour que je puisse embarquer à Zarate. Mais chaque jour ça a raté (jeu de mot). On me mène en bateau, expression bien mal adaptée. Le week-end approche et rien. Réponse lundi.
Je décide donc de faire les 600 km qui me restent pour me réfugier dans un petit camping près de BA. Comme un malheur n’arrive jamais seul, sur l’autoroute, la boîte de vitesse du Toy flanche. La 3e est très difficile à enclencher, et par voie de conséquence la 4e. La bête est blessée.
Aspect positif, cela m’arrive pratiquement à destination. Si cela m’était arrivé en pleine carretera Australe, loin de tout, tu parles des emmerdes pour arriver à temps pour prendre le bateau. Voilà pourquoi il faut garder une marge de sécurité significative pour le retour.
Quoiqu’il arrive, je suis maintenant coincé ici. Si je ne peux embarquer, que me réserve t on ? Tous les bateaux sont complets. Combien de temps me faudra t il attendre ? Certains ne s’arrêtent pas au Havre et vont direct à Hamburg. Pourquoi pas, mais avec un Toy malade, humm.
 Autant de question sans réponse. Et quel stress. Je suis comme en prison, immense certes, sans barreaux, mais bel et bien tributaire d’une compagnie maritime sur laquelle aucune action n’est possible.
Lundi, je me déplace à BA directement au bureau du transitaire pour avoir MA réponse. Désastre. Toujours rien, Palabres, palabres. Sur quoi ? Le nombre et la marque des bouteilles de whisky que veulent les douaniers pour infléchir leur position ? Je ne le saurai jamais.
Une chance, sur le camping, je suis avec une famille de français en camping car qui attendent leur départ fin février, Gilbert, Florence et leurs enfants Mélodie et Willy. Ils veulent même me laisser leur place. Sympa non.
Je n’en n’aurai pas besoin. Un coup de fil mardi matin m’informe que c’est OK. OUF. Départ jeudi ou vendredi de Zarate.
Merci à Ines et Catalina de leur aide et compassion dans cette épreuve. Merci à ma petite famille pour le soutien moral. Mettez les bouteilles au frais, j’arrive dans un mois.
NB :  Gilbert vient de m’apprendre qu’il y a quelques temps, un bateau de la Grimaldi s’est couché dans le port de Anvers. L’info a vite été enlevée du net…

vendredi 28 janvier 2011

Carretera australe norte – Que du bonheur


Je retrouve mes amis suisses allemands et leur petit 4x4 MAN. Comme souvent, je suis invité à manger. Les Suisses sont d’un naturel au premier abord peu engageant, réservé, mais cela s’avère être leur manière d’être. Ils se révèlent accueillant au fil du temps. Il leur faut sans doute un peu plus de temps qu’à nous, « méditerranéens » pour ouvrir une chopinette.
Dans le MAN, on enlève ses zapatos. Pas une trace de poussière. Je passe d’abord dans le couloir, la cuisine, la salle à manger. La chambre à coucher est juste un peu plus loin. Je suis essouflé par cette longue marche.
Trêve de plaisanterie. C’est immense. Birgit et Gaspard me proposent un café pour finir le repas. Dosettes en sachets, et on appuie sur le bouton de la machine expresso !!
Je me sens un peu mal à l’aise dans toute cette débauche de moyens, avec mon sweet sale, ma cafetiere italienne toute martyrisée par les secousses des voyages. Mais bon, j’ai un gros avantage. Je passe partout alors qu’eux, c’est loin d’être le cas. Un peu plus loin, je leur dit de faire demi tour sur une piste en très forte descente car ils ne passeront pas et seront obligés de faire marche arrière toute. En plus, ils ont des problèmes de tonnages avec certains ponts, de largeur de piste, de croisement avec les autres véhicules.
En fait, ils ne conçoivent pas le voyage en quittant le confort qu’ils ont chez eux. N autre couple de suisse, très sympa aussi, Thomas et Regina, me demandait pour l’eau dans le désert d’Atacama. Pas d’eau facile dans ce lieu. Ils ont 250 litres de réserves. Oui, mais tu comprends, la vaisselle, ça en consomme beaucoup !!
Chacun sa manière de voyager.
Les paysages  sur la carretera australe sont toujours époustouflants. C’est l’aspect sauvage, brut, qui me marque le plus, surtout lorsqu’il pleut et c’est le cas depuis Caleta Tortel . Au mieux, il fait beau quelques heures et ensuite ça se dérègle. La végétation est exubérante comme le nevado, cette espèce de rhubarbe immense, dont les feuilles peuvent faire plus de 1 mètre de diamètre. On se croirait en Amazonie, avec la fraicheur. La route est parfois austère, avec des trous, de la tole, des ravins, mais les vues sont superbes. Et le vent qui s’en mêle. Et tous ces arbres morts ne contribuent pas à changer l’atmosphère. Au contraire.
Ce sont des arbres morts suite à l´´eruption en 1991 du volcan Hudson. Tout y est passé, la végétation, les troupeaux. Dur dur.
Dans cet univers, je passe une super soirée en compagnie d’un couple de cyclistes néo zelandais, Anna et Ben. Soirée pates et sauce tomate. Cool. A bientôt chez vous, au Royaume des Anneaux.
Puerto Cisnes dans la bruine n’est guère engageant. Le route qui va ensuite au parc de Queulat l’est encore moins. Fortes pentes, étroitesse, ravines, boue, pluie, brouillard. Je me sens seul dans cet univers. Le glacier colgante (littéralement qui pend)du parc est un must. Mais aujourd’hui un must dans le brouillard. J’y rencontre un couple de back packers espagnols avec qui je passe le temps attendant une hypothétique embellie. Puis arrive une allemande qui vit ‘a La Paz, Brigitte. Rediscut. Aucun changement de temps. On décide de partir. Et là, le glacier daigne se dévêtir quelque peu. Oh ! Il n’enlève que le haut, mais c’est pas si mal. Nous sommes contents.



Je passerai 3 jours avec Brigitte qui a son propre véhicule, un Jimmy. Grosse marche de 5 heures où on ne verra personne. Bivouac de rêve près d’un rio avec une vue magnifique près du lago Rosselot. Et le temps là dedans.
Incroyable. Alerte météo sur la Patagonie. Une nouvelle. Canicule. Il fait  jusqu’à 30 dans la journée. Pas de vent. Avec Brigitte, on discute dehors jusqu’à 1 heure du mat. Là, le froid commence à nous rattraper. Les moustiques ressortent, c’est un signe. J’avais oublié. Les taons de 2 cm de long aussi. Quelle plaie ces bestioles. Et i8ls piquent dur ces cons. C’est la guerre…
Le lendemain, belle rencontre avec Pierre et Corinne le long de la route. Et quelle hospitalité. Je passe à midi, je m’arrête pour dire bonjour. C’est comme ça entre voyageurs. Pierre (ami de Romney) est en extase devant le Toy. Je suis invité à manger dans la cellule Azalaï (avec mes chaussures). Des gens très gentils. On bavarde. On bavarde. Le temps passe vite.
Puis, le clou de la journée avec le ventisquero (langue glaciaire) Yelcho chico. Le Glaciar colgante du Queulat, mais en plus grand, plus beau, et avec un ciel mes amis. Une merveille. Et gratuit en plus (3000 au Queulat). 2 heures de marche dans la boue pour aller au bout du sentier et rencontrer un jeune Polonais que nous reverrons le lendemain.

Nous décidons de pousser jusqu’à Chaiten, ville terminus avant le ferry pour Chiloe ou Puerto Montt, mais ville connue aussi pour avoir été ensevelie en 2008 sous les cendres du volcan éponyme. Spectacle de désolation. Voyeurisme ou voyage. Nous ne nous attardons pas trop dans ces lieux d’autant qu’un hors piste a failli nous couter une nuit sur place car cendre et sable sont plutôt mous. Vous voyez ce que je veux dire.

Diner de poisson frit au resto et retour 50 km en arrière où Brigitte avait laissé sa voiture. Ill est 22h 30. Avec le soleil couchant, on ne voit pas bien la lumière des phares. Et pour cause, on s’apercevra un peu plus tard qu’il n’y a pas de phares. Nada. 50 km au clignotant et à la lampe frontale que Brigitte tend par la fenêtre. Dur dur. Brigitte, qui est plus habituée à l’auberge et à un certain confort, a flippé un peu devant cette situation. Ce qui ne nous empêchera pas de bavarder jusqu’à 2h30 du mat (record battu) avec quelques verres de Carmere chilien.
Temps toujours au beau fixe. Avec Maurice, notre polonais de service pris en stop, destination la frontière à Futaleufu sur une piste aux paysages enchanteurs.
De Perito Moreno ville à ici, 2000 km de carretera australe. Souvenir indélébile, de part sa majesté, sa rudesse, sa beauté, sans oublier les rencontres de voyageurs qui ont égayé ce petit bout de voyage.
Retour à Trevellin. Brigitte va dans le parc des Alerces que j’avais visité il y a 2 mois. En ce qui me concerne, à nouveau grande traversée en travers de l’Argentine pour rejoindre Trelew avant d’entamer ma remontée vers BA. En attendant, réparation du problème de phares, résolu à l’africaine car il y a un problème on ne sait où dans le faisceau. Quelques temps à Punta Ninfas `pour tenter de voir les orques venir casse crouter les bébés otaries. Puis il faudra penser à la remonte et arriver quelques jours avant le départ théoriques du bateau le 11 ou 12 février.
A bientôt les amis